L'engagement médical implique toute une
philosophie. Une métaphysique, parce que la
médecine trouve sa raison d'être dans le
constat de la réalité des maux qui affligent
les vivants. Une épistémologie, parce qu'une
connaissance du normal et du pathologique
est la nécessaire condition d'une lutte intelligente
contre ces maux. Des dilemmes moraux,
parce que cette lutte associe la recherche du
bien des malades individuels, le respect de
leur autonomie, et la prise en compte de
l'intérêt collectif.
C'est cette philosophie de l'acte médical que
les essais ici réunis entreprennent d'expliciter,
en abordant notamment les défis méthodologiques
et ethiques de cet art, tout armé de
technologies et au carrefour de multiples
sciences, qu'est la médecine. L'auteur, philosophe
et médecin, expose avec rigueur et
clarté les stratégies utilisées par la recherche
médicale pour détecter, identifier et classer
les éléments pathogènes (étiologie des affections,
logique de l'inférence diagnostique,
recherche épidémiologique), les procédures
employées pour évaluer les coûts et bénéfices
des interventions thérapeutiques (notion de
qualité de vie), et les problèmes moraux soulevés
par la mise à disposition de services de
santé (procréation médicalement assistée,
suivi de la grossesse). De cette lecture, on sort
convaincu que la sagesse médicale tient à un
fragile équilibre entre dévouement à ceux qui
souffrent, rationalité incluant l'acceptation
du risque, et lucidité sur les limites de nos
connaissances.