La fonction soignante a existé bien avant toute science médicale, mais elle est redevable au développement biomédical contemporain de pouvoirs autrefois inimaginables, avec pour contrepartie compréhensible un engouement propice à bien des excès. La réflexion critique sur cette composante proprement biomédicale de la médecine devient de plus en plus indispensable au soignant. Sans elle tout demeurera en place pour que certains puissent abuser de la confiance du soigné devenu un moyen et parfois du soignant au nom d'intérêts dont les profits industriels ne sont pas les moindres.
Partant du constat que le soignant devrait avoir les moyens de garder des liens étroits avec la souffrance vécue alors que par nature elle est subjective et donc difficilement communicable, il apparaît qu'il ne peut y avoir véritablement de science soignante. De l'avis de l'auteur il est possible en revanche de délimiter les caractères des énoncés scientifiques utiles aux soins et de justifier la véracité de ces énoncés destinés à informer ou conseiller celui qui se confie au soignant. Ce livre est d'autant plus important qu'une médecine à vocation humaine est souvent imaginée à première vue comme nécessairement anti-scientifique, alors que la rigueur scientifique fait au contraire intégralement partie de l'exigence soignante.
Le but d'Alain Froment est de poser les bases d'une nouvelle cohésion entre la souffrance des uns, le savoir des autres, l'ouverture à autrui et la constante et vigilante remise en question des finalités médicales.