Les immigrants venus chercher refuge ou fortune
dans le petit commerce et l'artisanat ne ressemblent
guère aux portraits habituellement dressés des «travailleurs
immigrés». Depuis le début du XIXe siècle, la liberté de
commerce, héritée de la Révolution, rend le monde de
l'entreprise ouvert à tous, sans condition de nationalité.
L'absence de réglementation constitue l'un des attraits majeurs
du monde de l'atelier et de la boutique pour les étrangers
alors qu'ils font l'objet, en France, de contrôles de plus
en plus stricts et contraignants. Mais les entreprises des
«étrangers», précaires ou florissantes, isolées ou inscrites
dans des réseaux de sociabilité, vont susciter méfiance et
hostilité. Ce livre raconte les étapes qui mènent les pouvoirs
publics, sous la pression de classes moyennes particulièrement
virulentes contre la «concurrence déloyale des
étrangers», à limiter l'accès de ces derniers au commerce.
Mais il dresse aussi les portraits d'immigrants réunis par un
même désir d'indépendance et de liberté, qui font de leurs
boutiques des lieux d'approvisionnement, de rencontre et de
sociabilité.
Claire Zalc, en décrivant les multiples métiers où
s'affairent des individus et des groupes originaires d'une
quarantaine de nationalités, efface le stéréotype du tailleur
juif, du maçon italien et de l'épicier kabyle. Son voyage dans
l'univers contrasté des commerçants venus d'ailleurs en dit
long sur l'histoire économique et sociale de la France et sur
son rapport avec «l'étranger».