Né à Saint-Dié dans les Vosges d'un père alsacien et d'une mère lorraine, Yvan Goll (1891-1950) a été toute sa vie «ballotté entre l'Est et l'Ouest, entre l'esprit du matin et le rêve du soir, entre la clarté de la raison française et le mystère de la nuit walpurgienne». Bilingue, il fut également amené, pendant son exil aux Etats-Unis, pendant la Seconde Guerre mondiale, à écrire en anglais. Ainsi ce grand poète du XXe siècle a-t-il «un cœur français, l'esprit allemand, le sang juif et un passeport américain». Le sentiment de l'exil, du déracinement, est sans doute lié à la vocation même du poète. Sa Mélusine, dont il écrit plusieurs versions, est née de l'amour pour Claire Goll, sa femme également poète, d'un goût pour la surréalité, la nature romantique et le rejet critique d'un monde moderne matérialiste. Mélusine incarne l'imagination poétique revivifiant le monde avec force et flammes. Mélusine, ou le bel incendie, celui de la flamme qui éclaire pour ne laisser que cendres. A un imaginaire romantique de l'eau, Goll a substitué un imaginaire expressionniste du feu pour faire de cette nouvelle Mélusine une figure digne de figurer auprès des héroïnes de Giraudoux ou des Mélusine d'Octavio Paz ou de Breton.
Cette édition présente les deux versions françaises, inédites à ce jour, et la version allemande qui leur est postérieure.