Même les étoiles doivent se séparer
« Je suis le dernier témoin du Moyen Âge » : c'est avec cette plaisanterie sérieuse que Chiara Frugoni, l'une des grandes historiennes italiennes, présente le récit de son enfance. Ce bond dans le temps est aussi un mouvement dans l'espace : l'autrice quitte les lieux de la recherche universitaire pour emprunter les sentiers pavés qui mènent à Solto, village sur les hauteurs de Bergame, dans le nord de l'Italie, où se trouve la maison de ses grands-parents maternels.
L'écolière citadine, petite-fille de propriétaires terriens, partage l'insouciance de ses étés à la campagne avec les enfants des métayers de la ferme familiale dans les années daprès-guerre. Cette autobiographie ne dissimule ni sensations ni sentiments, tour á tour tendres ou rudes. Sur la toile de fond dun monde paysan dont la société dabondance aura raison, elle est habitée par un va-et-vient constant, parfois douloureux, entre des personnages de deux classes sociales et donne à voir jusque dans des détails saisissants leurs activités quotidiennes et le cadre matériel de leur existence.
Ce sont les souvenirs dun univers disparu, éclairé par l'expérience dun parcours dhistorienne et par l'évocation de ces vies qui n'ont pas encore dit leur dernier mot.