Mémoire sur le paupérisme
« Jusqu'ici j'ai examiné les moyens lucratifs de la misère. Mais n'existe-t-il que cet ordre de moyens ? Après avoir songé à soulager les maux, ne serait-il pas utile de chercher à les prévenir ? Ne saurait-on empêcher le déplacement rapide de la population, de telle sorte que les hommes ne quittent la terre et ne passent à l'industrie qu'autant que cette dernière peut facilement répondre leurs besoins ? La somme des richesses nationales ne peut-elle continuer à augmenter sans qu'une partie de ceux qui produisent ces richesses aient à maudire la prospérité qu'ils font naître ? Est-il impossible d'établir un rapport plus fixe et plus régulier entre la production et la consommation des matières manufacturées ? Ne peut-on pas faciliter aux classes ouvrières l'accumulation de l'épargne qui, dans des temps de calamité industrielle, leur permette d'attendre sans mourir le retour de la fortune ? »