Ce sont ici les ultimes paroles de Balthus, proférées
au terme d'une vie qui a traversé le XXe siècle. Elles
ont été murmurées dans un souffle qui peu à peu allait
s'amenuisant et parvenait cependant à être dominé par la
jeunesse des souvenirs demeurés intacts. Balthus raconte
son enfance avec sa mère Baladine et le poète Rainer
Maria Rilke, sa vie de bohème dans le Paris des années 20,
ses amitiés avec Picasso, Derain, Artaud, Giacometti,
Saint-Exupéry, Char, Pierre Jean Jouve, Camus. Il parle
de ses tableaux, de son amour pour Setsuko, son épouse
japonaise, pour Harumi, sa fille, pour ses chats, pour les
demeures seigneuriales. Il confesse sa foi catholique, ses
extases, confie surtout ses réflexions sur la peinture, et
dénonce l'art contemporain, illusoire et annonciateur,
selon lui, de la défaite de la civilisation.
Ces Mémoires sont le fruit d'un travail qui a duré deux
années au cours desquelles Balthus s'est confié avec une
rare spontanéité. Il voulait qu'on les comprît comme des
leçons de vie, le dernier enseignement d'un maître qui
avait préféré exprimer le monde par sa peinture plutôt
que de s'exprimer lui-même.