En 1735, dix ans après le décès de l'abbé
de Choisy, un texte étrange paraissait chez
un éditeur anversois. Il s'agissait de la première
partie des Mémoires de l'abbé de Choisy
habillé en femme. Mort à plus de quatre-vingts
ans, peu de temps après avoir achevé
une très chrétienne Histoire de l'Église, l'abbé
de Choisy y racontait plusieurs épisodes
d'une jeunesse tumultueuse.
Travesti très jeune par une mère excentrique
et arriviste, il garda toute sa vie un goût
irrépressible pour le déguisement, allant
jusqu'à vivre sous des noms de femme,
menant quelques mois une vie d'actrice - et
séduisant nombre de jeunes filles sous son
apparence féminine. Libertin, joueur invétéré,
courtisan, diplomate, académicien : cerner
tous les aspects de la personnalité de l'abbé
de Choisy paraît une entreprise impossible.
Lui-même, avec un fatalisme souriant, y
avait renoncé.