Adapté d'une nouvelle de l'écrivain coréen Choi Yong-tak, Mémoires d'un frêne dépeint un moment dramatique de l'histoire contemporaine de la Corée, connu comme « le massacre de la Ligue Bodo ».
Au cours de l'été 1950, au début de la guerre de Corée, les autorités organisent la liquidation physique de dizaines de milliers de civils, opposants politiques déclarés ou simples sympathisants, par crainte de la contagion communiste. Ce massacre de masse, mis en oeuvre par l'armée et la police coréennes, a fait entre 100 000 et 200 000 morts. Par la suite, il a été délibérément occulté par l'histoire officielle de la Corée du Sud. Ce n'est qu'à partir de la fin des années 1990 que des charniers ont été retrouvés et que certains exécutants de la tuerie ont été amenés à témoigner.
Auteur virtuose et engagé, Park Kun-woong poursuit ici un travail de longue haleine visant à exorciser les errements des gouvernements coréens depuis l'indépendance de 1945. Dans ce récit, dont le narrateur est un arbre peuplant l'une des vallées où se sont déroulés les massacres, Park Kun-woong mobilise des moyens graphiques exceptionnels.
« Je suis à présent un grand frêne robuste. Mes racines ont conservé les vestiges de cette époque. Il semblerait que certains souvenirs résistent à l'épreuve du temps. »