Mémoire d'un herboriste andalou
Ibn Baytar médecin vétérinaire botaniste et pharmacologue en Orient
Ibn Baytar est né vers 1198 à Malaga dans une famille andalouse de vétérinaires. Médecin, pharmacologue, botaniste, vétérinaire lui-même, il s'est installé en Orient depuis une quarantaine d'années déjà. L'Égypte et la Syrie sont alors sous pouvoir des Ayyoubides descendants de Saladin. L'herboriste a longuement parcouru les vastes contrées du monde musulman en compagnie d'autres savants tout aussi réputés et de toutes origines. Dans son exil, il semble, déjà, sans espoir de retour à Malaga, dans sa famille, et à Séville où il a étudié. Au Caire ou à Damas où les sultans l'ont nommé, dès son arrivée, chef des herboristes de leurs hôpitaux, le prestigieux savant travaille à mettre un point final à la rédaction de son grand Traité des remèdes simples et des aliments. Il se hâte aussi de rédiger ses Mémoires. Il sait que d'innombrables manuscrits savants sont gardés dans les bibliothèques d'Occident et d'Orient. Mais peu de choses resteront de ce que fut la vie souvent périlleuse des savants et les conditions exaltantes et difficiles de leur travail.
Fin d'été 1248, il s'apprête à rejoindre Damas sans doute dans la suite du sultan d'Égypte et de Syrie : Saleh Ayyoub très malade. Le temps presse ! Le monde arabe se déchire, de terribles conflits s'annoncent en Occident et en Orient ! Hélas, la mort, partout, rôde. Une nouvelle croisade sanglante s'annonce. Les Mongols sont aux portes de Bagdad !
C'est à Setti Hasifa, la botaniste de Damas, maîtresse de maison, savante respectée qui le seconde depuis tant d'années dans la copie de son oeuvre, qu'il veut remettre le cahier de ses Mémoires. Elle seule saura en prendre soin ainsi que du manuscrit de son Traité qu'il doit remettre bientôt à Damas à l'Ayyoubide qui le lui a commandé !
À la mort en Syrie d'Ibn Baytar, en cet automne 1248, la botaniste de Damas recueillera le cahier relié de cuir rouge des Mémoires de l'herboriste andalou. Elle l'emportera dans l'exil de la famille syrienne à Venise...