Pour Richelieu et Mme de Lafayette, pour Voltaire, pour Stendhal encore, Marguerite de Valois n'était pas la «reine Margot», sobriquet inventé par Alexandre Dumas. Elle n'était pas non plus la princesse dépravée que la modernité associe à ce titre de fantaisie. Elle était la reine Marguerite, dernière représentante des Valois-Médicis et autrice de Mémoires fameux, édités tout au long de l'Ancien Régime - en France comme en Angleterre et en Italie. Rien de moins frelaté que ce succès, qui devait rebondir tout au long du XIXe siècle: le texte évoque avec un talent consommé les heures les plus dramatiques de l'époque des guerres de religion, mais aussi les intrigues rocambolesques de la cour d'Henri III, sans parler des amours tumultueuses des jeunes seigneurs et dames qui l'animaient.
Les Mémoires sont ici accompagnés des deux autres textes en prose de la reine: la Déclaration du roi de Navarre, qu'elle écrivit en 1574 pour le compte de son époux, le futur Henri IV, coupable d'une tentative de coup d'État; et le Discours sur l'excellence des femmes, qu'elle rédigea au crépuscule de sa vie, s'inscrivant ainsi dans la «querelle des femmes» qui faisait rage en France depuis près de deux siècles - mais qui l'avait jusqu'alors bien peu intéressée.