Une femme altière, belle, à la langue acérée dont l'acidité évoque, dit-on,
celle du tamarin, le fruit de l'arbre peuplé de mauvais génies : telle est
Saroja, la memsahib.
Elle nous est racontée d'abord par sa fille, Kamini, venue faire ses études
supérieures au Canada, en grande partie pour fuir cette mère tyrannique,
mais qui n'échappe guère à son emprise. Au rythme de leurs brèves
conversations téléphoniques hebdomadaires, Kamini revit son enfance
dans une famille aisée, marquée essentiellement par la mésentente de ses
parents, couple issu d'un mariage arrangé selon la tradition. Un père ingénieur
des Chemins de fer, que femme, enfants et domestiques suivent
dans ses affectations successives, du sud au nord de l'Inde. Face à ce mari
distant et apparemment sans humour, de vingt ans plus vieux qu'elle,
Saroja, dure, ironique, cherche de toute évidence à prendre une revanche
à travers ses deux filles, Kamini en particulier.
Mais cette histoire a un revers. Et c'est Saroja elle-même, désormais
vieille et libre, qui, dans une langue drôle et imagée, nous régale du
récit de sa vie.