Qui est Mènaxéne ? Un philosophe, un poète, un individu isolé qui
consacre sa vie à l'incertitude ? Xavier Gilbert nous plonge dans la
sinuosité d'une réflexion singulière, d'une interrogation sourde et
angoissante sur le sens du quotidien, du désir et de la fuite. Le temps
passe, s'enfuit, et avec lui l'exaltation des promesses, la plénitude du
plaisir. Alors comment faire ? Quel rôle s'attribuer face à tant
d'aléatoire ? C'est le vertige intime de Mènaxéne, l'insatiable
occupation d'un homme pourtant jeune et déjà délicieusement
désespéré. Mènaxéne est différent, craint l'uniformité et la masse, les
sourires commerciaux et les rêves standards, mais Mènaxéne se
tait... jusqu'à la fuite.
«Je sens ce léger vent sur ma peau, cette fraîcheur en mouvement, et
il n'entre pas. Pourquoi n'entre-t-il pas ? Pourquoi ne m'envahit-il
pas ? ne me jette-t-il pas loin d'ici ? Qui peut dire si Mènaxéne n'a pas
commencé par cette question, cette sensation d'être à la limite, de
n'être pas assez près ? Je n'aurais pas le courage de faire un pas de
plus vers cette tempête qui a fait de lui le martyre d'un peuple
absent. Je refuse ce sacrifice de ma vie et de ma santé... et pourtant
je ne fais que me plaindre. Je regrette tant de choses et je me
complais à regarder l'image du rêve qui m'est accessible et qui,
finalement, ne produit en moi que de la résignation.»