Demain, c'est la Toussaint. La narratrice, psychanalyste à l'hôpital psychiatrique, vient d'apprendre la mort par overdose d'un de ses patients psychotiques. Découragée, elle s'en veut et en veut à la psychanalyse de cet échec. Tentée d'abandonner son travail, elle y retourne néanmoins « à reculons ».
Débute alors un étrange voyage où des personnages surgis du passé, fous du Moyen Âge, acteurs des Sotties - Mère Folle - se mêlent aux patients de l'hôpital, mais aussi à de grands penseurs comme Érasme, René Thom, Artaud, Wittgenstein ou Schrôdinger avec qui elle engage des dialogues imaginaires. Cette traversée dialogique, qui est aussi un retour vers son propre passé, la rend capable de recevoir et de mettre en actes les enseignements de Gaetano Benedetti à qui elle rend visite à Bâle pendant le Carnaval. Il lui conseille d'entrer dans le délire de ses patients afin de leur ménager un espace auxiliaire où pourront être mises en récit les « aires catastrophiques » montrées par les images sensorielles de la folie. Le traitement possible de la psychose est à ce prix.
Dans le contexte actuel de guerre et de pandémie, la réédition de Mère Folle, qui met en scène la rencontre anachronique des fous d'un théâtre politique très populaire en Europe après la Grande Peste et la guerre de Cent ans, avec ceux des asiles où l'auteur a travaillé comme analyste pendant trente ans, se révèle particulièrement précieuse.