Paul Celan, le plus grand poète de langue allemande de la seconde moitié du vingtième siècle, a vécu à Paris de 1948 à sa mort en 1970. Lié à Yves Bonnefoy comme à André du Bouchet, il a mené avec eux, comme avec les autres poètes de la revue L'Éphémère, un dialogue dont l'enjeu n'était rien de moins que la nature profonde de la poésie contemporaine. C'est à reconstituer ce dialogue que s emploie cette étude : l'auteur a été un témoin à la fois direct et indirect de certains de ces épisodes marquants, ayant côtoyé les trois poètes en des occasions diverses qui forment le point de départ des analyses qu'il tente des accords et surtout des désaccords qui les ont réunis et séparés. Si c'est avant tout sur la question des rapports de la parole poétique à l'histoire au sein de laquelle elle prend place que s inscrivent les rapprochements et les différences, ces pages n'oublient pas pour autant de chercher à inscrire chacun de ces trois poètes dans la tradition lyrique à laquelle ils appartiennent, notamment par le biais des traductions, souvent admirables, qu'ils ont données de certains de leurs prédécesseurs.