«Très incertain sur la tournure que pourront prendre dans la suite les affaires actuelles de toute la magistrature du royaume ; je consigne ici une espèce de profession de foi politique relative à ces affaires quelle que doive en être l'issue : c'est la mienne : et je crois pouvoir me flatter que c'est en même tems celle de tout bon François. Quoique je ne me sois jamais regardé que comme un atome dans la société ; j'ai toujours pu me flatter de mériter d'y occuper une place distinguée par ma fidélité inviolable pour mon souverain autant que par mon amour pour sa personne sacrée. Les sentimens que j'ai puisés dans l'éducation que j'ai reçue et dans les lectures que j'ai faites ne s'effaceront jamais de mon coeur ; envain entreprendroit-on de me les faire abjurer ; il seroit aussi difficile d'y réussir qu'il pourroit l'être de parvenir à rendre blanc le plumage d'un corbeau. Quoique ma fortune soit des plus médiocres par les dispositions de la divine providence ; une perspective de cent mille écus de rente ne me feroit point abandonner le bien qui m'est propre comme à beaucoup d'autres, celui qu'aucun voleur ne sçauroit ravir ; je veux dire la possession de l'honneur et du véritable patriotisme. Je croirai toujours devoir penser sur les affaires présentes, avec et comme les premières personnes de l'État, les princes du sang royal qui ont manifesté leurs sentiments d'une manière aussi authentique que respectueuse pour notre auguste maître, dans une protestation solennelle à laquelle non seulement tous les bons citoyens, mais même tous les fidèles sujets du Roi ne peuvent s'empêcher de rendre hommage en y souscrivant de toute leur âme. Ita sentiebat civis régi et patrioe addictissimus, Siméon Prosperus Hardy, syndico rei librarioe et typographioe adjunctus anno domini 1771. »