La pauvreté ne peut plus être ignorée. A la recherche de sa propre idendité, elle interroge. Fait de société, elle se manifeste, quelquefois dans des actes de violence, individuels ou collectifs, d'autodestruction très souvent, mais aussi dans le développement de cultures alternatives. Présente dans le regard de l'autre, elle inquiète parfois. Assimilée au danger, elle appelle souvent plus de sécurité et de répression.
En réalité, la pauvreté a de multiples facettes et dimensions. Elle est à la fois un fait et un sentiment. Elle peut être mesurée en termes absolus, de manques, ou relatifs, en lien avec les inégalités. Sa mesure peut privilégier les ressources monétaires, ou plutôt la satisfaction de besoins humains, notamment par le biais des services publics. Elle fait partie d'un système économique, politique et social, et se reproduit avec lui. Elle n'est pas dissociable de la question des droits économiques et sociaux de l'homme, ni d'une réflexion sur les fondements de la citoyenneté.
Mesurer la pauvreté, c'est donc construire une image du problème qu'elle pose, en termes quantitatifs et qualitatifs. C'est aussi exprimer des hypothèses sur les causes, facteurs, remèdes... à ce problème. Cet ouvrage explore les diverses techniques, présupposés et enjeux mis en œuvre dans l'élaboration de ces discours sur les pauvres et la pauvreté. Il en révèle les faiblesses, les contradictions et les partis pris. Il permet de penser une réalité centrale de notre modernité.