Métaphorismes
Augusto Roa Bastos, dans ce petit ouvrage ultime, d'une extrême densité hypertextuelle et endotextuelle, nous donne à reconstruire et déconstruire son oeuvre toute entière, y compris son oeuvre absente.
Il tisse et détisse pour nous un écheveau d'une grande finesse textuelle, où la compréhension globale de l'oeuvre laisse place à une extrême fragmentation, la poétique de l'absence et des variations en sont les maîtres mots.
C'est donc bien d'un voyage au bout de son écriture dont il s'agit, et paradoxalement, à la fin du tunnel textuel, c'est son visage et surtout son âme d'homme mûr blessé par l'amour qui apparaît, pas mal pour un penseur qui, tout comme Barthes, se projeta dans la mort de l'auteur.
On ne dira jamais assez que cet auteur, en particulier avec Moi le Suprême, a révolutionné l'écriture, en la mettant en scène, il donne l'illusion parfaite qu'elle s'autogénère, et en fait même un modèle existentiel pour le lecteur, qui se verra inévitablement projeté dans la ré-écriture.