Qui ne connaît les gens de métier dont les ateliers animaient les bourgs de naguère ? Il s'agissait - pour ne citer que quelques-uns - du forgeron, du charron, du bourrelier, du sabotier. Tous étaient les mainteneurs d'une tradition corporative qui conjuguait un savoir-faire quasi initiatique et une habileté indéfectible.
A côté de ces maîtres artisans, s'affairaient nombre de femmes et d'hommes qui, faute de verser dans la belle ouvrage, accomplissaient des besognes de peu, mais nécessaires à autrui. L'un taillait des allume-feu pour les ménagères du pays, l'autre donnait la main à qui le demandait, un troisième piégeait les nuisibles dans les potagers des alentours. Aucun ne fénéantait plus que de raison, aucun ne vivait en parasite. Chacun se rendait utile comme il pouvait, en effectuant ce qu'on nommerait aujourd'hui des "petits boulots".
Il n'était jusqu'au benêt du village qui avait sa place, quoique modeste, dans la communauté paysanne. Ainsi, sans que ce fût le Paradis retrouvé, nul ne se sentait poussé à l'écart du voisinage. Personne ne craignait d'être abandonné dans la marche de son monde. Travailler en marge des métiers de maîtrise empêchait à contrario de se marginaliser. Au fait, qu'en (...) de nos jours ?