Après Le Goéland Assassiné et Philippines, Villebramar s'affirme ici comme
le poète de la Rencontre : «la rencontre aimante avec êtres et choses». Elle
s'organise en quatre chapitres.
Le premier décrit la découverte d'Éros dans un cheminement quasi
linéaire qui va de l'Enfance au Souvenir. Une enfance sage («ce n'est que
mon épaule»), un premier amour (ou de premières amours ?) serein (ou
sereines) : «main dans la main, émerveillés par les couleurs de l'automne».
Un érotisme flamboyant éclate soudain dans «Lagon bleu», que suit de
près la Jalousie puis les doutes de l'âge mûr. Thanatos, longtemps tenue à
l'écart, est simplement suggérée à travers le souvenir : «Je l'ai aimé».
Après ce premier chapitre lumineux, l'injustice faite aux humbles et la
violence du Monde sont la trame d'une deuxième partie beaucoup plus sombre.
Le sort des femmes dans le Tiers-Monde («Mondo Cane»), les
errances de Diego, l'émigré brésilien, la violence de l'univers psychiatrique
(«Consultation»), s'enchaînent jusqu'à la fatalité ultime de la violence des
armes : «les Dieux ont soif».
Dans un troisième chapitre très court, Villebramar semble tenté par la
fascination de l'absurde.
Cinq Poèmes Inaudibles sont empreints d'un cynisme jubilatoire.
L'est-il vraiment ?
La Sagesse reprend le dessus dans un quatrième chapitre apaisé. Audelà
de la Mort, l'espoir des «regardeurs d'étoiles», des «contempleurs
d'aurores» et des «délégataires d'arcs-en-ciel» reprend la Prière du poète
roumain Ioan Es. Pop :
«L'heure de quelqu'un qui se tient ici depuis bien longtemps arrive enfin,
même s'il n'a jamais habité sur terre.» (Ioan Es. Pop, Anthologie poétique)