Meurtres à la grange-aux-belles
Quand les communistes flinguaient les anarchistes
11 janvier 1924, rue de la Grange-aux-Belles, à Paris. Les communistes tiennent une réunion publique. Des coups de feu éclatent. Deux morts, plusieurs blessés graves. Qui a tiré ? Cent ans plus tard, Sylvain Boulouque reprend l'enquête sur ce sanglant anniversaire qui éclaire la chronique fratricide de la gauche révolutionnaire.
Il fallait l'historien Sylvain Boulouque pour rouvrir ce dossier vertigineux, pour réunir les récits des témoins, les tracts des militants, les archives des syndicats et les rapports du PCF envoyés en Russie soviétique. Pour recueillir les rapports de police, les mandements de justice, les articles de presse. Et pour orchestrer ces documents afin de nous plonger au jour le jour dans les eaux troubles des marges activistes, suivre en direct le déroulement des investigations, revivre l'effusion idéologique, la passion propagandiste et la confusion polémique de l'époque. Jusqu'au crime.
Leurres, mensonges et fausses pistes, l'État trébuche sur un chemin semé d'embûches. Pourtant, l'étau se resserre. Les preuves s'accumulent et jettent une lumière crue sur ce massacre qui défraye la chronique, dont la clé se tient à Moscou et qui vise en fait la captation par le pouvoir soviétique du mouvement ouvrier français, sa conformation au projet totalitaire.
Cette reconstitution menée tambour battant se lit comme un thriller politique. Comme toute oeuvre de mémoire, elle vaut aussi comme un appel à la lucidité sur les dérives actuelles.