Cinquante ans après sa voisine allemande, l'Église catholique de France se dote en 1946 d'une centrale de charité appelée le « Secours catholique ». Au sortir de la guerre, grandi par l'activité de l'Aumônerie générale fondée à l'intention des prisonniers de guerre, le chanoine Jean Rodhain, né en 1900, est nommé secrétaire général du nouvel organisme de charité. Il en est le « patron » jusqu'à sa mort en 1977.
S'appuyant sur le millier d'écrits de Mgr Rodhain et l'action du Secours catholique, cette étude, à la fois historique et théologique, cherche à dessiner la figure sociale de charité qui en émerge. D'abord ordonnée, dans un projet résolument pédagogique, à la charité intégrale de toute l'Église et de toute humanité, cette figure tend à se spécialiser en une centrale caritative de plus en plus performante. Sujet à une réaction doctrinale intransigeante prenant la voie d'une tentative de « réhabilitation de la charité », Mgr Rodhain ouvre dans sa pratique des voies de recomposition d'une charité plausible pour une société sécularisée.