« D’une poétique continuée par tous les moyens » est le sous-titre que Michel Deguy a donné à l’un de ses livres. Si la poétique est ce par quoi la poésie, réfléchissant son acte, prend conscience d’elle-même, la continuation proposée est en quelque sorte programmée par la poésie en tant que celle-ci rappelle le langage à sa vocation première ; elle est immanente à l’acte poétique tel que le déclare et l’effectue l’activité dite « poésie », prenant la parole pour tout ce qu’elle fait tenir, pour ce tout qu’elle installe et qui ne tient que par elle. Si « la poésie n’est pas seule », comme l’affirme le titre d’un autre livre majeur de Deguy, c’est bien en ce sens.
Lire l’œuvre de Michel Deguy, l’accompagner pour tenter d’en prendre mesure, c’est donc s’engager sur les chemins bifurs des semblances, où le poème se mêle de philosophie, d’esthétique, d’éthique, de métaphysique, de linguistique, de politique, de sociologie, d’ethnologie, d’écologie… C’est un peu tout cela qu’abordent les textes réunis dans le présent volume, qu’ils procèdent par focalisation monographique sur des livres ou sur des motifs.