Le pouvoir n'est pas ce dont certains se saisissent un beau matin,
pour ensuite le perdre ou le céder au gré des événements. À la
lisière de nos vies, le pouvoir s'exerce et se risque sans cesse.
Telle fut la grande leçon de Michel Foucault, marquant la fin des
rêves - ceux de la révolution, de la transgression, de la prophétie
- et le retour du sérieux en philosophie.
Le pouvoir réserve bien des surprises à celui qui se risque à en
faire l'analyse. À la fois fort et faible, sûr de sa fin et équivoque,
tenace mais réversible, le pouvoir semble perpétuellement
menacé par autre chose que l'opposition réfléchie à son exercice.
Comment rendre compte de ce paradoxe du pouvoir sans s'interroger
sur son lieu d'émergence, ou - si l'on veut conjurer les
chimères de l'origine - sur sa limite ? Quel est cet autre du
pouvoir, qui à la fois le sous-tend et le met en péril, et hante
l'écriture du philosophe ? Cet autre, nous l'appellerons : la
bataille. C'est de cette région obscure autour du pouvoir, peu
explicitée par Foucault et pourtant présente dans son oeuvre, que
nous tenterons d'approcher.