Sans aucun doute l'un des plus grands penseurs français de la seconde moitié du XXe siècle, Michel Henry demeure encore mal compris. Gabrielle Dufour-Kowalska s'efforce de le rendre plus proche, tout en restituant avec une fidélité rigoureuse les exigences et la radicalité de son projet philosophique. Car ce que signifie la constitution de la «subjectivité absolue» entreprise par Michel Henry, c'est la venue au jour de l'essence immanente qui, en ruinant les prétentions du savoir objectif, met en cause l'ensemble de la tradition philosophique occidentale. Le philosophe entrouvre la porte d'un royaume invisible qui est celui de la «magnificence de la vie».
Une nouvelle perspective herméneutique se dessine, qui permet de cerner la nature et la portée de cette «phénoménologie matérielle» dont Michel Henry est le fondateur. Instaurée avec L'Essence de la manifestation, elle révèle toute son ampleur dans les années 1980 et 1990, pour accéder à la perfection d'un véritable système dans C'est moi la Vérité et Incarnation, peu avant la mort du philosophe le 3 juillet 2002. Un itinéraire qui témoigne de la cohérence d'une oeuvre désormais accomplie.