Les droits ont-ils tué le droit ?
Analysant l'histoire de la pensée juridique
moderne, Michel Villey (1914-1988)
découvre les symptômes d'un mal qui
remet en question la possibilité de
trouver une solution juste aux conflits
qu'engendre tout vivre-ensemble.
L'idée d'une justice et d'un droit inscrits
dans la nature des choses a fait place aux
exigences illimitées qui se présentent
comme droits subjectifs absolus.
Il semble dès lors que seule la raison du
plus fort, et non plus celle du plus juste,
puisse encore mettre un terme
aux conflits. S'il constate et condamne
cette évolution, Michel Villey ne veut
pas tuer les droits subjectifs pour
les remplacer à nouveau par un droit
transcendant. Conscient du caractère
irréversible de la modernité juridique,
Villey plaide plutôt pour une
correction du droit des Modernes par
des éléments du droit des Anciens.
C'est cette tentative - prudente - de
synthèse de deux conceptions opposées
qui fait l'actualité de son oeuvre.