Ministère de l'Injustice
Vendôme est un cimetière. Aucun ministre ne survit à la tâche de garde des Sceaux. La mission est impossible. Les Français, excédés, se heurtent à une justice trop longue, trop chère, opaque. Mais c'est elle qui fait battre le coeur du pays. On y règle les conflits de voisinage et de travail, les divorces comme les conséquences des crises sanitaires, on y réprime les délinquants et les criminels. On y assure la bonne marche de la société.
Vendôme est une tour de contrôle. Elle fait remonter les informations les plus sensibles, prévient les scandales, les déclenche. Ou, mieux, s'essaie à les éteindre. Pourtant les politiques se méfient des magistrats et les tiennent en liberté très surveillée. Ils les observent. Prennent jalousement la main sur leur évolution de carrière... Surtout lorsque les juges s'attaquent au pouvoir.
Vendôme est au coeur du système. Plusieurs ministres, dont le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, sont aujourd'hui visés par des investigations. Du jamais vu. Emmanuel Macron, lorsqu'il était candidat, avait promis davantage d'indépendance aux procureurs. Il n'a pas tenu parole.
Les auteurs du célèbre Mimi et de La Poudrière ont enquêté, des ors du ministère aux tribunaux encombrés. Ils racontent l'instrumentalisation des procédures et des médias, les conflits d'intérêts et les jeux de pouvoir, les pressions des politiques et des patrons du CAC 40. Justice à deux vitesses, américanisation de la procédure, magistrats démunis et affaires enterrées... Un livre dévastateur.