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Née en 1898 à Médan, dans une famille d’artistes peintres d’origine bourgeoise mais désargentée, découverte à 15 ans par Apollinaire qui publie plusieurs de ses poèmes, auteur à 19 ans d’un conte fantastique que Colette préface (La maison dans l’œil du chat) puis d’un roman salué (Carnaval), Mireille Havet, interprète à vingt-huit ans la mort dans l’Orphée de son ami Jean Cocteau. Elle meurt quatre ans après dans un sanatorium suisse, tuberculeuse et misérable. Une existence fulgurante et tumultueuse, qui vit la charmante jeune fille grandie à la campagne, confiante en l’avenir et en son talent, saturée de sensualité et de mysticisme, devenir la « petite poyétesse » d’Apollinaire, l’enfant prodige, et bientôt terrible, des salons parisiens (ceux de Natalie Barney ou de Misia Sert), s’affirmant enfin en homosexuelle provocante aux allures de garçonne. Hésitant entre cynisme et romantisme, exaltée et neurasthénique, noctambule délurée, séductrice irrésistible à l’érotisme débridé, opiomane puis héroïnomane, Mireille Havet, malgré sa sociabilité étincelante et son immense talent, sombre à la fleur de l’âge dans une déchéance extrême, usée par les passions et les échecs, les espoirs et les renoncements. A la fois amoureuse exclusive et insatiable Don Juane, elle manque d’épouser Pierre Izambard, Paul Fort ou Saint John Perse. Madeleine de Limur, femme mariée et amie de D’Annunzio, Marcelle Garros, la veuve de l’aviateur, Reine Bénard, peinte par Vuillard, furent, parmi d’autres, ses maîtresses successives, grâce auxquelles elle put vivre dans un luxe étourdissant. Du vert paradis de l’enfance à Médan, aux paradis artificiels parisiens jusqu’à l’enfer des drogues, la biographie de Mireille Havet témoigne d’un singulier destin, qui est aussi celui d’une époque à cheval entre le monde ancien et le nouveau. Le destin d’une génération qui, durablement ébranlée par la Grande Guerre, se jeta à corps perdu dans la liberté et la joie illusoire des années folles, et crut au salut par l’art et la littérature.