Le discrédit jeté sur les dénommés « Tsiganes » ou « Roms » en Bulgarie se manifeste de différentes manières : si ces derniers font l'objet de discours dépréciatifs comme dans bien d'autres pays d'Europe, leur situation résulte d'une histoire spécifique. Les figures de l'anathème qui tendent à les exclure de la vie publique au nom de leur « nature » supposée sont particulièrement activées dans les médias. Alors que de nouvelles voix critiques se font entendre du côté des jeunes journalistes notamment, la mise en scène d'un groupe renvoyé à des stéréotypes récurrents ne cesse d'être véhiculée dans l'espace public. Ce livre prend appui sur trois exemples d'émissions télévisuelles récentes, afin de décrypter les enjeux de la mise en mots et en images des Roms visant à leur criminalisation. L'analyse de ces enjeux politiques est enrichie par les points de vue de plusieurs femmes roms (recueillis par Gueorgui Jetchev) et des textes de Stefka Steranova Nikolova, auteur de La Vie d'une femme rom (tsigane), une des premières résistantes à la stigmatisation dont son quartier fait l'objet.