«Il est temps pour nous de porter témoignage, non seulement des crimes
nazis, mais aussi des oblations volontaires qui ont répondu à ces crimes
et qui font [...] que, même dans l'univers concentrationnaire, le mal ne
l'a pas emporté.»
Ainsi s'exprimait Geneviève de Gaulle Antonioz, à son
retour de l'enfer de Ravensbrück.
Ils furent, en effet, nombreux, notamment parmi les jeunes
du S.T.O., à donner leur vie pour témoigner du Christ. Pour
action catholique non politique, pour messes célébrées ou entendues, pour
malades visités, toutes choses formellement interdites par un décret spécial
de la Gestapo, pour leur fidélité au Pape ou au cardinal Suhard qui les
avaient envoyés, ils tombèrent, victimes de la haine que leur foi
suscitait chez les nazis. Ils méritent bien qu'on les sorte enfin
de l'oubli.
Sans l'avoir cherché, ils vécurent ce que le Père Cardijn avait
prédit aux jeunes rassemblés au Parc des Princes, à Paris, le
18 juillet 1937 : «Jocistes, vous êtes les missionnaires des
temps nouveaux. Le Christ vous confie la plus sainte des missions,
celle de sauver tous vos frères et soeurs de travail. Pour
cette tâche immense, il faudra des apôtres, vous serez ces apôtres.
Il faudra des martyrs, vous serez ces martyrs. Il faudra des saints,
vous serez ces saints». Ce livre esquisse le portrait de cinquante
et un de ces jeunes apôtres et martyrs.
Animés d'une foi imperturbable et d'une charité sans faille,
ils tombèrent dans cette terre hostile où ils étaient venus aider
leurs frères à résister contre l'intoxication inhumaine et païenne
du régime nazi. Grâce à leur sacrifice volontaire et à leur
pardon face à tant de crimes, ils ont fait que, «même dans
l'univers concentrationnaire, le mal ne l'a pas emporté».