La poésie ronsardienne affirmant sa vocation à la mémoire s'inscrit dans une tradition rhétorique et morale bien établie : celle qui confond le louable et le mémorable et articule la gloire à la mémoire. Pourtant, si l'oeuvre ronsardienne a vocation monumentale, c'est également par le dialogue qu'elle instaure avec les oeuvres antiques, leurs mythes, mais aussi leurs voix et leur style. En poursuivant de texte en texte ce dialogue entre son oeuvre et celle d'Homère, Hésiode, Virgile ou Properce, Pierre de Ronsard invente sa propre poétique de la mémoire, qui ne saurait se réduire à une poétique de la nostalgie. Les échos et reprises des mythes, des voix et des noms constituent progressivement l'univers propre d'une oeuvre sous le signe de la polyphonie.