Dépossédé de ce qu'il croyait être sa vie, Pierre Lômeur, 43 ans, divorcé, chômeur de longue durée, vit dans un studio rez-de-chaussée d'un quartier populaire parisien.
«La journée, je n'ai souvent rien à faire. Alors je me pose des questions, plein de questions, sur ma vie et le reste, n'importe quoi, il y en a trop, je voudrais bien m'arrêter, c'est impossible.»
Lômeur répond aux petites annonces, croit avoir trouvé l'amour avec Thérésa, serveuse de restaurant qui regrette son pays, la Pologne, et y retourne. Il pense avoir trouvé, enfin, un job. Il y a maldonne. L'employeur, peu délicat, se débarrasse de lui.
Il s'accroche aux riens de la vie, à des bouts de rencontres : avec l'employé d'une organisation caritative qui se révèle être aussi malheureux que lui, avec une inconnue qui pleure une nuit, place du Palais Royal, dans ses bras, avec une nouvelle amie qui l'héberge et qu'il a le sentiment d'exploiter. Ils se quittent, mécontents l'un de l'autre.
Autant d'espoirs toujours déçus, autant d'étapes sur un chemin sans fin qu'il doit continuer de parcourir. Longueur des jours, insomnies ou réveils mélancoliques pour un nouveau tour de manège. Il pense avoir atteint le bout, mais sortant de l'hôpital où il a été remis en selle, il formule cet espoir dérisoire, souvenir d'enfance peut-être : moi aussi un jour, j'irai loin.