Caroline Jaubert, née d'Alton, a été vingt jours la maîtresse d'Alfred de Musset, vingt ans sa « marraine ». Non sans avoir poussé dans les bras du poète sa cousine Aimée d'Alton. Mais les lettres et les confidences de Musset, ses « jérémiades », dit-elle parfois, ne sont pas toute sa vie. Loin de là. Cette femme à la taille menue règne sur un salon fréquenté par l'avocat Berryer, par Henri Heine, Delacroix, Rossini... En secret, elle mène des amours à la mesure de son tempérament, disputant un homme à Mme Lafarge, l'empoisonneuse, s'éprenant follement du peintre lyonnais Paul Chenavard, partenaire de Musset aux échecs. Elle ira jusqu'à payer de sa personne pour sauver des griffes de la police impériale son frère chéri Edmond d'Alton-Shée. Personnage original, pair de France et républicain, ami de Victor Hugo, hostile à la conquête de l'Algérie, cité par Flaubert, dans L'Education sentimentale, comme représentant de ce que l'on n'appelait pas encore « la gauche caviar ».
La mort d'Alfred n'interrompt pas le tourbillon des d'Alton. Tandis qu'Aimée, la cousine, se console en épousant Paul, Caroline brave l'âge en poursuivant ses aventures, elle accomplira jusqu'au bout le destin d'une petite « enfant du siècle ».