L'idée de ce livre est née d'une photographie publiée pour la première fois
le 8 janvier 2008 dans le plus grand quotidien polonais, la Gazeta
Wyborcza. Ce cliché, montrant des paysans polonais munis de pelles,
illustrait un article sur l'habitude prise après la guerre de fouiller les fosses
communes sur le site du camp d'extermination de Treblinka. De longues
années encore après la guerre, les glaneurs passaient au crible les cendres
et les restes des Juifs assassinés dans les camps d'extermination nazis de
Pologne, à l'affût de bijoux et d'or dentaire.
Moisson d'or décortique la controverse née de cette photographie. On
s'efforça de montrer qu'il ne s'agissait ni du camp de Treblinka ni de
glaneurs, afin de faire oublier son unique sujet : la collusion de la population
polonaise dans le pillage et la tuerie des Juifs à la périphérie de la Shoah.
Ce livre suscita dans son pays de nombreuses polémiques car il ne soulève
pas seulement un problème moral, il met en lumière, sans aucune
complaisance, une face peu explorée du génocide : le profit tiré du pillage
des biens juifs par des millions de familles d'Europe, essentiellement
allemandes. Le génocide fut une entreprise lucrative, depuis l'appartement
jusqu'aux meubles, depuis la literie jusqu'aux livres voire aux ustensiles
de cuisine : tout fut volé.
Enfin, l'ouvrage met au premier plan les questions de mémoire. On ne peut
plus cantonner la destruction des Juifs d'Europe à une clique de voyous. En
Pologne, une majorité de la population, si elle n'a pas forcément prêté main
forte au crime, s'en est réjouie et en a économiquement profité.
Exemplaire par sa méthodologie et la clarté de son écriture, Moisson d'or
est un livre profond et salutaire qui dément l'idée trop répandue que tout
a été dit.