Je trouve ça joli, Molly. C'est plus drôle que Mélo et plus court que Mélodie. Et puis ça ne court pas les rues. Comme moi. Parce que moi, vrai, je cours les rues. Pour aller partout où je dois aller. Et pas mal vite ! Même que mon job à moi, c'est cyclowoman professionnelle. Un boulot qui demande du temps, de l'endurance et du tempérament « Beaucoup d'appelés et peu d'élus », qu'il dit M'sieur Péteaux.
(...)
J'ai filé chez Titine. Elle a dit « Toi Molly, ça te plairait de passer ta vie au Carrefour ? » J'ai dit « Non, je ne voudrais pas, je n 'ai que quinze ans, ça me plairait de rester à Saint-Exupéry, j'aimerais mieux. Je n'ai pas envie de finir comme mon père entre les kiwis et les bananes. Je voudrais quelque chose d'autre, de grand, je ne sais pas quoi... Mais ce que je sais, c'est que si je ne passe pas le Bac, dans ma vie, il ne se passera rien du tout »
Quand on se nomme Molly Savard, qu'on est née à Saint-Péravy-la-Colombe, qu'on porte le même prénom que sa tante morte très jeune après avoir mangé des champignons ramassés avec l'école, que tout l'avenir qu'on imagine pour vous c'est un BEP vente-action marchande, que votre père a une fâcheuse tendance à vous comparer à la plus jeune fille du Général de Gaulle... il faut trouver le moyen de partir, sans pour autant couper tout à fait les ponts.
C'est à vélo que Molly prendra son envol, par le plus grand hasard. Mais ne dit-on pas qu'il fait particulièrement bien les choses ?