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Je ne m’attendais pourtant pas à ce dialogue entre Madame le Ministre et Joël Quiniou, mon oncle, mais au bout de deux ou trois minutes la conversation a glissé vers des choses très belles, très sensibles. - Je suis parfois tellement triste, a-t-il dit. Et en effet, on l’imaginait sur la pelouse de n’importe quel stade immense, avec cette foule hurlante qu’il n’entend plus, sa solitude et sa tristesse au moment où il vient de se rendre compte qu’il a fait une erreur. Ce qu’on appelle une erreur d’arbitrage. Mais il en va du football comme du reste : les injustices ne se rattrapent pas. Il faut rester le doigt tendu vers le ballon, intraitable, avec cette sensation, là, seul contre tous, cette sensation que j’éprouve moi aussi en écrivant toutes ces horreurs sur ma famille, sur mon oncle : l’exaltation du doute. Il s’agit aussi d’acquérir une certaine réputation. La réputation est une affaire de temps, rien de plus. Combien de temps a-t-il fallu à mon oncle pour faire comprendre aux footballeurs qu’il n’y avait pas d’arrogance dans sa manière de revendiquer ses fautes, mais au contraire une humilité extrême. Combien de temps et comment il a fait, voilà ce qu’il faut raconter.