Rarement l'histoire d'une vie aura épousé aussi étroitement l'histoire d'une époque. Aleksander Wat, que Maïakovski qualifiait de « futuriste-né », a partagé le sort des artistes qui espéraient « changer la vie et transformer le monde ».
Après avoir joué un rôle de premier plan en dirigeant, dans les années 1930, une revue d'opposition marxiste au régime de Pilsudski et connu les prisons staliniennes, Wat a été l'un des rares intellectuels à manifester une résistance ouverte au nouveau pouvoir communiste d'après-guerre. Émigré en France en 1958, rongé par une maladie incurable qui le mènera au suicide neuf ans plus tard, il n'avait plus la force d'écrire le livre par lequel il rêvait de transmettre la somme de ses expériences. C'est Czeslaw Milosz qui lui permettra de réaliser, sous forme d'entretiens, ce projet.
Témoignage fascinant sur la terreur stalinienne et, plus largement, sur les dérives des pouvoirs totalitaires, Mon siècle, avec son analyse des relations entre la Russie, l'Ukraine et l'Occident, fait étrangement écho au temps présent. Ce livre, considéré comme une référence de la culture polonaise contemporaine, possède par son souffle et sa vision une portée universelle.