Elle était la petite-fille d'un maréchal de France et se fit «zonière». Dès 1940, alors qu'elle emmenait ses louveteaux jouer sur les «fortifs» autour de Paris, elle découvrit les impasses d'Ivry, la détresse des enfants qui y vivent. «T'as qu'à rester avec nous!» lui lancent-ils. Monique les entend et décide de tout quitter pour vivre avec eux. Dans sa baraque, elle accueille tous ceux qui sont à la recherche d'une nouvelle famille, qu'elle appellera «Paix et Joie». Elle y restera trente-cinq ans, jusqu'à sa mort le 29 octobre 1975.
Pour nourrir les quelque quinze enfants dont elle a la charge, elle travaille en usine pendant des années. Les conflits du travail, elle connaît. Il lui arrive de les payer au prix fort. Mais, ouverte à tous, cette chrétienne inclassable, reconnue par tous comme d'Église bien que sans statut, noue des amitiés profondes dans tous les milieux.
Ce livre entend donner la parole à ceux et celles qui l'ont connue. Sort ainsi de l'obscurité tout un monde aujourd'hui disparu, celui des ferrailleurs, des chiffonniers et des gitans qui peuplaient jadis la «zone» autour de Paris: leurs souffrances, leurs espoirs et leur amitié forment la trame quotidienne de la vie de Monique. Se dévoile en ces mêmes années le bouillonnement apostolique d'une Église qui prend brutalement conscience de ces foules anonymes qui n'ont plus de pasteurs.
Grâce aux notes de retraite qu'elle a laissées, cet ouvrage veut aussi donner accès à son incessante recherche de Dieu. Loin d'une perfection immobile, on lira ici l'histoire toujours recommencée d'un cheminement intérieur, et comment Monique Maunoury fut progressivement, et selon son charisme, amenée à vivre l'Abandon qu'elle admirait tant chez le Père de Foucauld.