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A necedad en América Latina tiene la acepción de porfía a la vez que de ignorancia, pero domina el sentido de terquedad como desdén por lo que se sabe y se pretende ignorar. Jorge Boccanera, en Monólogo del necio, confirma esta perspectiva tras una larga trayectoria vivencial y literaria, lírica. Nada de lo vivido desaparece ante el vértigo del cambio, ante el grito de rebeldía que parece reclamar lo emergente. El poeta lo dice sin ambages: "Me toca resguardar / la lengua en llamas de la sordomuda, / el camino salvaje, / las ollas donde hierve sus colores el bosque / las cartas del exilio que te rompen la boca / y el que maquilla espejos con estrellas de talco". El monólogo del poeta es dialógico, como dijera Machado: "converso con el hombre que siempre va conmigo". Boccanera descubre la renovación de su lenguaje en el ejercicio de la memoria. La poesía es una fuente que ignora mejores o peores tiempos, es la necia que revuelve el escritorio, retuerce el lenguaje para hacer visible lo que pasa de largo. "Cada quien, cada día, amansa su animal". Un libro, una voz que no cesa de interrogar a la mano de fuego que le da de comer. Jorge Boccanera es un referente indispensable de la actual poesía argentina. JOSE ANGEL LEYVA