«Monsieur Islam» n'existe pas ! Telle est la réponse qu'il convient de faire à tous
ceux qui font parler l'islam, ou qui parlent à sa place : jeunes militants musulmans,
tout auréolés de leur fraîche science de l'islam, professant qu'il englobe
par avance la modernité, le féminisme, la citoyenneté et même la laïcité ; mais
aussi institutions et instances politiques qui estiment que le comportement
des jeunes est le «produit de l'islam».
Pendant les vingt dernières années, on a demandé aux jeunes musulmans de
laisser leur religion à la frontière pour devenir français. À présent, on accepte leur
islam à condition de les réduire à une facette musulmane qui les définirait une
fois pour toutes. Or, la question n'est pas de savoir «ce que l'islam dit ou ne dit
pas», mais de comprendre pourquoi ce jeune, né en France, socialisé à l'école
de la République, a envie de penser que «l'islam dit plutôt ceci ou plutôt cela».
Dounia Bouzar a mené pendant deux ans, pour l'INHES, une enquête auprès
d'associations dirigées par des musulmans. Elle montre les diverses manières de
vivre cet islam au quotidien, qui vont d'une volonté d'islamiser toutes les
activités à l'invention, au contraire, d'une manière musulmane de pratiquer
les activités communes.
Ce livre, qui dérange les idées reçues sur les musulmans de France, donne pour
la première fois la parole à ces jeunes issus de familles immigrées. Ils disent
comment ils cherchent à être musulmans et à relire le Coran en vivant dans
une société laïque. Le livre de Dounia Bouzar est plus qu'une contribution au
débat : il devrait permettre de changer le regard porté sur ces jeunes musulmans
français.