Morale industrielle et calcul économique dans le premier XIXe siècle
À la mort de Jean-Baptiste Say, en 1832, un économiste de province fut pressenti pour lui succéder à la chaire du Conservatoire royal des arts et métiers : Claude-Lucien Bergery (1787-1863), ancien élève de l'école polytechnique, professeur à l'école régimentaire d'artillerie de Metz et fondateur des cours publics créés par l'Académie de cette ville. Son seul titre pour postuler à ce poste était le cours d'économie industrielle qu'il avait donné de 1828 à 1831 aux ouvriers et fabricants de Metz. Bergery refusa de s'installer à Paris et ce fut Adolphe-Jérôme Blanqui, le fidèle disciple de Say, qui fut nommé. Bergery a dès lors été oublié des histoires de la pensée économique. Pourtant il fut l'un des principaux fondateurs d'une pensée moderne en gestion des entreprises industrielles, à l'instar de ses contemporains britanniques Charles Babbage ou Andrew Ure. Cette biographie intellectuelle resitue Bergery et son oeuvre dans le premier dix-neuvième siècle. Elle montre tout l'intérêt qu'il y a aujourd'hui à relire cet auteur. Trois thèmes d'actualité : la théorie du capital humain, la gestion du temps de travail et la morale des affaires font notamment partie des contributions majeures de ce polytechnicien à la pensée économique et gestionnaire.