Morales de la fiction de La Fontaine à Sartre
Non pas Pourquoi la fiction ?, ni À quoi pense la fiction ?, ni même Que fait la fiction ?, mais : Comment fait la fiction ? Comment la fiction fait-elle pour défendre ou illustrer une morale, alors qu'elle se définit par son indépendance à l'égard du monde dit réel ? Peut- être, d'ailleurs, n'est-ce qu'en tant qu'elle est défictionnalisée que la fiction peut promouvoir ou publier une morale. Mais il est, pourtant, des morales qui contiennent une part constitutive de fiction, et qui, en quelque sorte, appellent la fiction : ainsi de la morale intuitive de Victor Hugo, ou de la morale de la liberté de Sartre.
La Fontaine, La Rochefoucauld, Vauvenargues, Hugo, Tolstoï, Sartre : à première vue, les auteurs convoqués ne sont pas tous faits pour s'entendre. C'est bien pour cela qu'ils sont ici réunis. Car la fiction et la morale ne sont pas plus immuables l'une que l'autre, et c'est dans leurs intermittences, dans leurs fluctuations, dans leurs variations qu'il convient d'étudier leurs noces improbables.