Au cours du XXe siècle, l'Ukraine s'est trouvée confrontée à deux
types très différents de crises sanitaires majeures. D'une part, dans
les années 1930 et 1940 elle a subi de très lourdes pertes en raison
de la famine, de la guerre et des troubles politiques. Des évaluations
de pertes globales ont déjà donné une idée de l'ampleur de ces
catastrophes mais elles ne distinguent pas la surmortalité de crise
du déficit des naissances ni des pertes migratoires. Pour la première
fois, grâce à un patient travail de reconstitution, on trouvera dans
cet ouvrage une estimation précise de l'hécatombe en termes de nombre
de décès et d'espérance de vie. À elle seule la famine de 1933 a
coûté la vie à 2,6 millions d'Ukrainiens, réduisant l'espérance de
vie des hommes à 7 ans et celle des femmes à 11 ans.
Cependant, une fois passées ces crises des années 1930 et 1940,
l'évolution sanitaire antérieure reprend son cours et, jusqu'aux
années 1960, la mortalité recule profondément. Au contraire, à
partir de cette époque survient une crise d'un type nouveau provoquant
un renversement durable des tendances passées : l'espérance de vie
cesse complètement d'augmenter chez les femmes et d'année en
année recule fortement chez les hommes. En dépit du brouillage
provoqué par les fluctuations des années 1980 et 1990, la tendance
à long terme reste à la détérioration. Pour en comprendre les ressorts,
cet ouvrage analyse précisément l'effet conjugué des différentes causes
de décès aux différents âges.