Otto von F., étudiant en littérature originaire d'Ukraine occidentale, sorte d'alter ego de l'auteur, habite Moscou. Nous sommes en 1989 et l'URSS vit ses derniers soubresauts. Dans sa résidence universitaire se côtoient les futurs écrivains des différentes nations du pays : des spécialistes de la poésie yiddish du Moyen Âge, des épopées rimées ukrainiennes ou de la chanson ouzbek. Tous sont pleins d'espoirs poétiques, ont soif de la trop rare vodka et sont prêts à en découdre. Un jour, Otto part à la recherche de cadeaux. Il s'égare, et se trouve à errer dans un monde interlope, à travers les sous-sols glauques de la ville où d'anciens membres du KGB élèvent une armée de rats. On y découvre également, dans les catacombes du Kremlin, un métro gouvernemental secret.
À la faveur de cet authentique parcours du combattant, l'auteur dénonce pêle-mêle le nationalisme, les dérives du communisme, le kitsch chauviniste, et la pression idéologique qui sont finalement évacués dans un spectacle grandguignolesque en un immense éclat de rire. Dans le cadre très actuel d'une Russie autoritaire aux dérives xénophobes, il nous brosse un tableau grotesque et sarcastique de la ville de Moscou, épicentre du tremblement de terre en train de dévaster alors l'immense empire multinational soviétique. Le ton carnavalesque et l'écriture foisonnante contribuent à accentuer le caractère très original du livre. Andrukhovych réussit à composer une véritable symphonie d'adieu à l'URSS, tonitruante évidemment.