La musique, proclamait au Moyen Âge le poète
et compositeur Guillaume de Machaut, est joie,
rire, danse : elle chasse la mélancolie, égaie, réconforte.
A-t-elle mission de soigner ? Oui, répondent
depuis toujours les traditions. La magie
musicale se confond avec la primitive médecine.
En instaurant la «musicothérapie», les modernes
psychothérapeutes se sont approprié les pouvoirs
du son en leur imposant leurs méthodiques protocoles.
Réussissent-ils à en évacuer l'irrationnel
mystère ? Rien n'est moins sûr.
Aux origines mythiques de notre culture, le
chant et la lyre du berger Orphée envoûtaient
bêtes, hommes et dieux. Aujourd'hui, les microscopes
et les statistiques démontrent que la vibration
sonore fait pousser les plantes et agit sur les
cellules corporelles. Des diapasons servent d'instruments
d'acupuncture et des voyelles chantées
activent les glandes. En Orient, yogis hindous et
lamas tibétains conservent les secrets des incantations
et des mantras. Les antiques cosmogonies
avaient donc raison : la Vibration, Voix divine,
Verbe créateur, est la trame du cosmos, de la nature,
de notre propre être. En se redécouvrant homo
musicus, l'homo sapiens retrouve et sauve son âme,
en même temps qu'il fortifie son corps.
À l'heure où l'on entreprend de réenchanter le
monde, ce B.A._BAde la musicothérapie
indique quel rôle providentiel la musique doit
jouer. Universel principe d'ordre et de beauté,
l'Harmonie se rend efficiente à travers les sons
musicaux. Elle accorde l'homme au Grand Tout
et l'harmonise lui-même.