S'il est un mot qui semble approprié à la période des années 1960, c'est bien celui de contestation. Ainsi les divers bouleversements qui se sont opérés dans le domaine de la musique, et qui reflètent assez fidèlement les grands mouvements sociaux, sont-ils passés en revue dans cet ouvrage, à partir des expérimentations concrètes des groupes et des compositeurs les plus représentatifs de l'époque.
Stimulés notamment par les membres de l'École de New York (Cage, Feldman, Wolff, Brown), un certain nombre de musiciens européens, tels C. Cardew et F. Rzewski, commencent à récuser les avant-gardes établies et les institutions musicales. Gagnés par l'esprit de liberté qui s'est emparé de l'ensemble de la société, ils vont reconsidérer la notion d'oeuvre et les rapports entre compositeurs, interprètes et auditeurs, mettant par exemple leur engagement au service des pratiques de l'improvisation et de la création collective.
C'est alors que naissent, tant aux États-Unis qu'en Europe, des groupes comme ONCE, New Music Ensemble, Musica Elettronica Viva, le Scratch Orchestra, le GERM, le New Phonic Art. Bien que très actifs, ces ensembles avaient été rarement évoqués dans des ouvrages en langue française. Une telle investigation est d'autant plus nécessaire aujourd'hui que, depuis plus d'une quarantaine d'années, le paysage musical se partage entre une confiance d'une naïveté souvent désarmante dans les progrès de la technologie et la restauration d'un certain nombre de valeurs remises en question par les courants les plus novateurs du XXe siècle.