Deux psychanalystes, Gérard Haddad, juif tunisien vivant en France, et Hechmi Dhaoui, musulman vivant en Tunisie, s'interrogent sur la situation du monde arabo-musulman dans ses rapports avec l'Occident. C'est l'occasion pour eux de pourfendre quelques lieux communs et de mettre au jour certains paradoxes douloureux.
Plutôt qu'à un choc de civilisations, ne sommes-nous pas confrontés à une guerre civile au sein d'une même civilisation méditerranéenne nourrie à la fois par le message monothéiste et la philosophie grecque transmise à l'Occident par les Arabes ?
Pour quelles raisons la brillante civilisation arabo-musulmane est-elle entrée dans un déclin à ce jour sans remède ? Les auteurs soulignent l'importance, au IXe siècle, de la « fermeture des portes de l'Ijtihad », c'est-à-dire de la « pensée critique » qui avait régné durant les premiers temps de l'Islam. L'« imitation » des fondateurs remplaça alors la libre réflexion.
Au lieu de s'attaquer à la racine du problème, le monde arabo-musulman contemporain paraît s'embourber dans deux mauvaises solutions pour sortir de ses impasses : le nationalisme et l'intégrisme, avec pour conséquence la voie sans issue du terrorisme. Loin de revenir aux sources vives de leur religion, des musulmans semblent bien avoir entrepris une régression vers des comportements et des valeurs préislamiques...