Pour beaucoup de chrétiens, surtout parmi ceux qui
prennent au sérieux le commandement du Seigneur :
«Soyez parfaits comme le Père céleste est parfait», la
recherche de la perfection de la charité et le souci de la vie
quotidienne sont peu compatibles.
A qui la faute ? Les responsabilités sont diverses. Mais
l'une des coupables ne serait-elle pas l'hagiographie elle-même
? «On nous parle toujours des extases et des miracles
des saints, disait Bernadette, j'aimerais qu'on nous parle
aussi de leurs luttes contre leurs défauts». Ajoutons : et de
leurs luttes pour vivre en chrétiens, se nourrir, se vêtir,
dormir... Car Thérèse d'Avila, Ignace de Loyola, le
Poverello d'Assise ont eu faim et soif, chaud et froid,
sommeil et fatigue, comme tout un chacun. Ils ont peiné
pour assurer leur pain quotidien. Or, pendant ces temps
apparemment perdus pour leur sanctification, Dieu les
sanctifiait. Mystère dont la clé dépend de la conception
que l'on se fait de la mystique chrétienne...