Le 12 juin au soir, Weygand ordonne à toutes les troupes qui se battent encore d'opérer un
décrochage brutal sur l'ensemble du front et de se replier le plus loin possible vers le sud afin
d'éviter à ce qui reste de l'armée française de subir un anéantissement total. Les Allemands ne
mettent pas longtemps à comprendre que les Français se dérobent et ils lancent aussitôt toutes
leurs unités sur les traces des troupes en retraite pour contrarier ce projet de sauver ce qui peut
encore l'être. Il en résulte une course poursuite au cours de laquelle d'un côté, des hommes
vont se sacrifier pour une cause déjà perdue alors que de l'autre, des hommes vont tomber pour
une cause déjà gagnée. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les combats de cette deuxième
quinzaine de juin vont se révéler aussi durs que ceux des semaines précédentes et des
accrochages sanglants auront lieu de part et d'autre, tant pour la conquête de Cherbourg qu'en
Champagne, en Bourgogne ou dans les Alpes ou le long de la frontière suisse que les unités de
la Gruppe Guderian vont verrouiller, enfermant dans une nasse gigantesque toutes les armées
de l'Est. C'est le récit de ces combats souvent méconnus voire inconnus que ce livre se propose
de retracer en plus de quatre cents pages et plus d'un millier de photos, pour la plupart inédites.
L'Histoire n'a, semble-t-il, voulu retenir de ces derniers jours de la campagne que la défense de
Saumur ou les combats de Voreppe mais c'est faire bien peu de cas des hommes qui sont
tombés sur le canal de la Marne, sur la Saulx, à Montplonne, à Saulieu, à Sainte-Seine-l'Abbaye,
à Maîche, à Saint-Hippolyte, sur les cols des Vosges ou dans la vallée de la Moselle, pour n'évoquer
que quelques lieux où le soldat français a fait honneur jusqu'au bout à son drapeau.