Tout commence par des disparitions, des déplacements d'objets.
Shimura-san vit seul dans une maison silencieuse qui fait
face aux chantiers navals de Nagasaki. Cet homme ordinaire rejoint
chaque matin la station météorologique de la ville en maudissant le
chant des cigales, déjeune seul et rentre tôt dans une retraite qui n'a
pas d'odeur, sauf celle de l'ordre et de la mesure. Depuis quelque
temps déjà, il répertorie scrupuleusement les niveaux et les quantités
de nourriture stockée dans chaque placard de sa cuisine. Car dans ce
monde contre lequel l'imprévu ne pouvait rien, un bouleversement
s'est produit.
«Comme je l'apprendrais plus tard lorsqu'un inspecteur me
rappellerait, les agents avaient trouvé porte close chez moi. Aucune
fenêtre ouverte, ce qui les avait étonnés. Après avoir forcé la serrure,
ils avaient été plus intrigués encore de ne mettre la main sur personne
à l'intérieur. Or tout était bien fermé. Croyant à une farce, ils avaient
failli repartir tout de suite. L'auteur de cette plaisanterie l'aurait payé
cher, monsieur Shimura, me ferait-il remarquer. Par acquit de
conscience, toutefois, ils avaient fouillé chaque pièce. C'est dans la
dernière, la chambre aux tatamis...»